Eugène Protot

Eugène Protot
Biographie
Naissance
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CariseyVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
12e arrondissement de Paris
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Boulevard VoltaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Homme politique, avocat, communardVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Idéologie
BlanquismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Arme
Garde nationaleVoir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Siège de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Archives conservées par
signature d'Eugène Protot
Signature dans une note envoyée depuis la Commission de Justice de la Commune de Paris.

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Eugène Protot né à Carisey dans l'Yonne le et mort à Paris le est une personnalité de la Commune de Paris.

Sous le Second Empire

Fils de paysans très pauvres, il parvient à faire son droit à Paris en 1864. Il milite dans les rangs des blanquistes et écrit des articles pour les journaux Rive gauche et Candide. Il est arrêté, début 1866, lors d'une réunion au Café de la Renaissance à Saint-Michel, en compagnie de Gustave Tridon, Raoul Rigault, les frères Levraud, Gaston Da Costa, A. Verlière, Longuet, Genton, Largilière, et Landowski[2]. L'avocat Gustave Chaudey prit leur défense. Protot est condamné à 15 mois de prison.

Devenu avocat, il défend des opposants au Second Empire, ce qui lui vaut d'être de nouveau incarcéré. Le , il est arrêté[3] pour avoir défendu le syndicaliste Mégy, meurtrier d'un sergent de ville. Il est condamné par la Haute Cour installée à Blois le , pour "complot contre la vie de l'Empereur" Napoléon III.

La Commune et la République

Pendant le siège de Paris ( - ), il fut élu chef de bataillon de la Garde nationale, et défend certains participants du soulèvement du 31 octobre 1870 contre le Gouvernement de la Défense nationale. Le , il est appelé à l'Hôtel de ville par le Comité central. Le , avec Maxime Lisbonne et Paul Antoine Brunel, il commande la manifestation contre la mairie du 1er arrondissement de Paris. Le , il est élu au Conseil de la Commune par le 11e arrondissement de Paris. Il propose et fait voter "le décret des otages". Il siège à la commission de la Justice dont il devient délégué le . Il y mène une importante politique de réformes et se préoccupa d'enlever à la justice son caractère aristocratique. Les principales mesures qu'il inspira vont dans le sens d'une justice gratuite, rendus par des juges élus, cependant qu'ils se préoccupait de garantir la liberté individuelle. Il abolit notamment les charges d'huissier et de notaire et ordonna que tous les offices publics dressent gratuitement les actes relevant de leur compétence. Mais il lui fallut d'abord pallier la désorganisation occasionnée par le départ de nombreux fonctionnaires pour Versailles en créant une Chambre des référés () et en nommant des juges de paix () ainsi que des juges d'instruction (7 et ), en attendant la reconstitution complète des tribunaux civils par le suffrage universel. Par ailleurs Protot s'efforça d'obtenir un état nominatif des maisons d'arrêt et poussa La Commune à instituer une commission chargée de visiter les prisons pour y recueillir les plaintes des prisonniers. Toujours dans le dessein de supprimer tout arbitraire, il demanda à être tenu au courant de tous les mouvements de pensionnaires dans les asiles d'aliénés. (voir l'article La Commune de Paris).

Lettre autographe signée Eugène Protot.

Il combat sur les barricades pendant la Semaine sanglante. Blessé il parvient à s'échapper et se réfugie à Genève en octobre 1871 puis Lausanne (voir Exil des communards). Il est condamné à mort par le Conseil de guerre en novembre 1872. Lucien Descaves dans son roman Philémon (1913) décrit sa vie de proscrit : « Protot, l'ex-délégué à la Justice, qui prenait pension, avec André Slomszynski, chez le pasteur Besançon, recevait des siens une pension modique, lavait son linge dans une cuvette et se perfectionnait assidûment dans l'étude des langues étrangères, tandis que Slom dessinait pour la Suisse illustrée ».

Il revient en France après l'amnistie de 1880, mais le conseil de l'ordre des avocats refuse sa réintégration au barreau. Après avoir brigué en vain l'investiture des blanquistes parisiens (qui lui préférèrent Frédéric Boulé) en vue de l'élection législative partielle du , il fut candidat quelques mois plus tard à Marseille au siège de Félix Pyat. Adversaire déterminé de Jules Guesde et des marxistes, son combat se cristallisa contre la célébration de la Fête du Travail (1er mai) par les socialistes marxistes du Parti ouvrier français. Il a ce jugement sévère sur Paul Lafargue :

« La social-démocratie a placé un des gendres du prussien Karl Marx, l'heimatlos Lafargue, cubain pendant la guerre de 1870 pour ne pas combattre sa famille allemande, naturalisé français par M. Ranc, pour appuyer la politique des radicaux, élu député français par l'appoint clérical de Lille, pour faire alliance avec les papistes de l'extrême-droite, introducteur de l'anti-patriotisme en France, auteur de : La Patrie, keksekça ? où le démembrement de la France est prédit comme chose juste, fatale et imminente. »

— Les Manifestes de la Commune révolutionnaire contre le premier mai.

Son analyse du marxisme est sans appel. En 1892, il écrivait dans Chauvins et réacteurs :

« Sous l’inspiration des social-démocrates de Berlin, le marxisme a échoué le socialisme français dans une bénigne et méprisante philanthropie, les bons traitements envers les ouvriers, la sollicitude du gouvernement pour les classes laborieuses [...] Les chefs de ce socialisme néo-chrétien, des oligarques, d’anciens fonctionnaires de l’Empire, des gradués des lettres et des sciences, partagent cet insolent préjugé de leur caste, que le peuple est composé d’individus d’une espèce inférieure [...] L’idée de laver le peuple est une monomanie des marxistes. »

Eugène Protot était aussi un orientaliste reconnu, diplômé de l’École des langues orientales pour l'arabe et le persan, langues dont la connaissance l'aida à vivre pendant ses dernières années, et auxquelles il aurait voulu pouvoir consacrer plus de temps. Il collabora à la Revue du monde musulman[4] de 1906 à sa mort en 1921.

Publications

  • Eugène Protot, Manifeste de la Commune révolutionnaire aux travailleurs de France, .
  • Eugène Protot, Les manifestes de la Commune Révolutionnaire contre le 1er mai, .

Notes et références

  1. « http://hdl.handle.net/10622/ARCH01818 » (consulté le )
  2. Auguste Lepage, Les cafés artistiques et littéraires de Paris, P. Boursin, 1882
  3. Histoire de la révolution de 1870-71 Jules Clarétie, Paris, 1877
  4. Revue du monde musulman, décembre 1922, nécrologie page 225

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Da Costa, Les blanquistes, éditions Rivière, 1912.
  • Maxime Vuillaume, hommage dans la revue hebdomadaire Floréal no 11, (BNF32776014).
  • (en) Roger Price, People and politics in France, 1848-1870, Cambridge New York, Cambridge University Press, coll. « New studies in European history », , 477 p. (ISBN 978-0-521-83706-4).

Notices biographiques

Articles connexes

Liens externes

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  • Ressource relative à la vie publiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • « Maitron »
  • Notice nécrologique du journal L'Humanité, 18 février 1921
  • Eugène Protot (1839-1921) L’avocat révolutionnaire qui n’aimait pas le 1er mai
  • Conférence du professeur Robert (27 mai 2011) sur la Commune et la justice
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