Théorème binomial d'Abel

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En mathématiques, et plus précisément en algèbre, le théorème binomial d'Abel, dû à Niels Henrik Abel, est l'identité polynomiale suivante[1],[2],[3], valide pour tout entier naturel n {\displaystyle n}  :

k = 0 n ( n k ) ( x k z ) k 1 ( y + k z ) n k = ( x + y ) n x {\displaystyle \sum _{k=0}^{n}{\binom {n}{k}}(x-kz)^{k-1}(y+kz)^{n-k}={\frac {(x+y)^{n}}{x}}} .

Quand on l'évalue en z = 0 {\displaystyle z=0} , on retrouve la formule du binôme de Newton, et pour x = y {\displaystyle x=-y} , on retrouve que la différence finie Δ z n [ y n 1 ] {\displaystyle \Delta _{z}^{n}[y^{n-1}]} est nulle[1].

Variantes

  • La variante
    k = 0 n ( n k ) ( x + k ) k 1 ( y k ) n k = ( x + y ) n x {\displaystyle \sum _{k=0}^{n}{\binom {n}{k}}(x+k)^{k-1}(y-k)^{n-k}={\frac {(x+y)^{n}}{x}}}
    est le cas particulier z = 1 {\displaystyle z=-1} du théorème.
    Réciproquement, quand on remplace x {\displaystyle x} par x z {\displaystyle -{\frac {x}{z}}} et y {\displaystyle y} par y z {\displaystyle -{\frac {y}{z}}} , on retrouve le cas général.
  • En remplaçant y {\displaystyle y} par y + n {\displaystyle y+n} , on déduit de cette première variante[4] :
    k = 0 n ( n k ) ( x + k ) k 1 ( y + n k ) n k = ( x + y + n ) n x {\displaystyle \sum _{k=0}^{n}{\binom {n}{k}}(x+k)^{k-1}(y+n-k)^{n-k}={\frac {(x+y+n)^{n}}{x}}} .
    Réciproquement, la première variante se déduit de la deuxième en remplaçant y {\displaystyle y} par y n {\displaystyle y-n} .
    On peut de même remplacer y {\displaystyle y} par y n z {\displaystyle y-nz} dans le théorème.
  • On peut bien sûr remplacer z {\displaystyle z} par z {\displaystyle -z} dans le théorème. Ceci, précédé d'un remplacement de y {\displaystyle y} par y n z {\displaystyle y-nz} , donne comme théorème équivalent[5] :
    k = 0 n ( n k ) ( x + k z ) k 1 ( y + ( n k ) z ) n k = ( x + y + n z ) n x {\displaystyle \sum _{k=0}^{n}{\binom {n}{k}}(x+kz)^{k-1}\left(y+(n-k)z\right)^{n-k}={\frac {(x+y+nz)^{n}}{x}}} .
  • En effectuant le changement d'indice j = n k {\displaystyle j=n-k} dans le théorème et ses variantes, on en trouve de nouvelles. Par exemple, la deuxième variante ci-dessus devient[6] :
    k = 0 n ( n k ) ( x + n k ) n k 1 ( y + k ) k = ( x + y + n ) n x {\displaystyle \sum _{k=0}^{n}{\binom {n}{k}}(x+n-k)^{n-k-1}(y+k)^{k}={\frac {(x+y+n)^{n}}{x}}} .
  • Il est également possible de déduire la variante suivante[7] :
    k = 0 n ( n k ) ( x + k ) k 1 ( n k + y ) n k 1 = x + y x y ( x + y + n ) n 1 {\displaystyle \sum _{k=0}^{n}{\binom {n}{k}}(x+k)^{k-1}(n-k+y)^{n-k-1}={\frac {x+y}{xy}}(x+y+n)^{n-1}} .

Exemple

Vérifions la première variante dans le cas n = 2 {\displaystyle n=2} .

( 2 0 ) x 1 y 2 + ( 2 1 ) ( x + 1 ) 0 ( y 1 ) 1 + ( 2 2 ) ( x + 2 ) 1 ( y 2 ) 0 = y 2 x + 2 ( y 1 ) + x + 2 = y 2 x + 2 y + x = ( x + y ) 2 x . {\displaystyle {\begin{aligned}\quad {\binom {2}{0}}x^{-1}y^{2}+{\binom {2}{1}}(x+1)^{0}(y-1)^{1}+{\binom {2}{2}}(x+2)^{1}(y-2)^{0}&={\frac {y^{2}}{x}}+2(y-1)+x+2\\&={\frac {y^{2}}{x}}+2y+x\\&={\frac {(x+y)^{2}}{x}}.\end{aligned}}}

Démonstration

Considérons les polynômes (à coefficients dans Z [ X ] {\displaystyle \mathbb {Z} [X]} )

P n ( Y ) := k = 0 n ( n k ) X ( X + k ) k 1 ( Y k ) n k et Q n ( Y ) := ( X + Y ) n {\displaystyle P_{n}(Y):=\sum _{k=0}^{n}{\binom {n}{k}}X(X+k)^{k-1}(Y-k)^{n-k}\quad {\text{et}}\quad Q_{n}(Y):=(X+Y)^{n}}

et démontrons, par récurrence sur n {\displaystyle n} , que P n = Q n {\displaystyle P_{n}=Q_{n}} pour tout n N {\displaystyle n\in \mathbb {N} } .

  • On a bien P 0 = 1 = Q 0 {\displaystyle P_{0}=1=Q_{0}} .
  • Supposons que pour un certain n > 0 {\displaystyle n>0} , P n 1 = Q n 1 {\displaystyle P_{n-1}=Q_{n-1}} . Alors, les polynômes dérivés de P n {\displaystyle P_{n}} et Q n {\displaystyle Q_{n}} sont égaux car
    P n = n P n 1 = n Q n 1 = Q n {\displaystyle P'_{n}=nP_{n-1}=nQ_{n-1}=Q'_{n}} .
    Par ailleurs, P n ( X ) = X Δ 1 n [ X n 1 ] = 0 = Q n ( X ) {\displaystyle P_{n}(-X)=X\Delta _{1}^{n}[X^{n-1}]=0=Q_{n}(-X)} . Par conséquent, P n = Q n . {\displaystyle P_{n}=Q_{n}.\quad \Box }

Références

  1. a et b (de) N. H. Abel, « Beweis eines Ausdruckes, von welchem die Binomial-Formel ein einzelner Fall ist », J. reine angew. Math, vol. 1,‎ , p. 159-160 (lire en ligne).
  2. (en) Donald E. Knuth, The Art of Computer Programming, vol. 1 : Fundamental Algorithms (lire en ligne), chap. 1.2.6 (« Binomial coefficients ») équation (16) et exercices 50 à 52.
  3. Louis Comtet, Analyse combinatoire avancée (lire en ligne), p. 14.
  4. « Une identité d'Abel », sur les-mathematiques.net.
  5. (en) Charalambos A. Charalambides, Enumerative Combinatorics, CRC Press, (lire en ligne), p. 207.
  6. (en) Eric W. Weisstein, « Abel's binomial theorem », sur MathWorld, aux notations près.
  7. (en) E. Bellin, « Degrees in random uniform minimal factorizations », sur arXiv, , corollaire 12.

Voir aussi

Article connexe

Suite de Sheffer

Bibliographie

  • (en) Henry W. Gould (en), Combinatorial Identities, A Standardized Set of Tables Listing 500 Binomial Coefficient Summations, (lire en ligne), p. 15, (1.117), (1.118) et (1.119)
  • (en) Henry W. Gould et J. Quaintance (ed.), Tables of Combinatorial Identities, vol. 4, (lire en ligne), p. 18
  • (en) He Tianxiao, Leetsch C. Hsu et Peter J. S. Shiue, « On Abel-Gontscharoff-Gould's polynomials », Analysis in Theory and Applications, vol. 19, no 2,‎ , p. 166-184 (DOI 10.1007/BF02835242, lire en ligne)
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