Jules Soury

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Jules Soury
Jules Soury, caricaturé par Dubois vers 1877.
Biographie
Naissance
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ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
16e arrondissement de Paris
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Écrivain, historien des sciences, bibliothécaire, traducteur, théoricien racialVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maître
Ernest Renan
Élève
Maurice Barrès, Pierre Janet, Georges Dumas.

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Jules Soury, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un écrivain, philosophe, traducteur et historien des neurosciences français. Professeur à l'École pratique des hautes études, il est également connu comme théoricien du racisme et de l'antisémitisme et pour son engagement nationaliste, qui a exercé une influence décisive sur Maurice Barrès.

Biographie

Jules Soury naît à Paris ; il est le fils d'un ouvrier pauvre[1], il fréquente l'école primaire laïque jusqu'à ses douze ans pour entrer en apprentissage de 1854 à 1858 chez un fabricant d'instruments de précision en verre. Il suit alors les cours du soir de physique et de chimie à l’École des arts et métiers. À 17 ans, il entre en sixième au lycée Louis-le-Grand. Il poursuit ses études secondaires au lycée Saint-Louis, d'où il sort bachelier ès lettres en 1862.

Licencié ès lettres à la Sorbonne en , il est ensuite élève de l'École impériale des chartes où il obtient le diplôme d'archiviste paléographe en 1867 avec une thèse intitulée Des études hébraïques et exégétiques au Moyen Âge chez les chrétiens d'Occident. À cette époque, il est présenté à Renan par Michel Bréal ; il suit son enseignement à son domicile — Soury maintiendra des relations avec Renan encore après le second voyage au Levant de Renan —. Parallèlement il étudie la neurologie à la Salpêtrière à partir de 1865 sous la conduite du neuroanatomiste Jules Bernard Luys et de l'aliéniste Auguste Voisin. Étant l'ami de Paul Bert qui avait créé le une chaire d'Histoire des doctrines psychologiques à l'École pratique des hautes études, il se voit attribuer cette place qui était aussi convoitée par Théodule Ribot. Il enseignera de 1881 à 1898.

Il préface le livre du philosophe et pédagogue positiviste Pietro Siciliani intitulé De la psychogénie moderne au service des études biologiques historiques et sociales, (Della psicogenia moderna in servigio degli studi biologici, storici e sociali) mis à l'Index en 1882.

Dans les années 1890, les leçons de Soury attirent des personnalités comme Clemenceau, Anatole France, Marcel Sembat et Maurice Barrès.

En 1899, l'Académie des sciences et l'Académie de médecine couronnent son ouvrage Le système nerveux central, structures et fonctions, histoire critique des théories et des doctrines.

Admirateur d'Ernest Renan, il exerce une influence forte sur Maurice Barrès, qui suit ses cours de 1893 à 1897[2]. Il traduit en français plusieurs ouvrages de Ernst Haeckel. Il a pour élèves Pierre Janet et Georges Dumas. Jules Soury meurt à l'âge de 73 ans dans le 16ème arrondissement de Paris[3]

Le Système nerveux central

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Doctrine

Déterminisme et racisme

Jules Soury voit l'être humain comme entièrement déterminé par des facteurs physiologiques. Il nie la liberté individuelle. Selon lui, l'individu doit se soumettre à son destin physiologique, reconnaître son impuissance, « pour se retrouver dans la famille, dans la race, dans la nation »[4].

Le déterminisme de J. Soury le conduit à affirmer l'idée de race : l'héritage physiologique ancestral d'un individu permettrait de comprendre toutes ses actions. Les deux races principales qui intéressent Soury sont l'Aryen et le Sémite, qui agiraient selon lui « tout autrement dans les mêmes circonstances, parce que leur nature est hétérogène et en grande partie irréductible »[4].

Dans sa généalogie du racisme en France au XIXe siècle, Zeev Sternhell considère Jules Soury comme un maillon important, aux côtés de Georges Vacher de Lapouge et de Gustave Le Bon[4].

« Guerre des races »

Jules Soury oppose « deux races ou espèces humaines dites sémitiques et aryennes ». Il justifie l'antisémitisme dans lequel il voit une « lutte des races » et non une « guerre de religion »[4].

Il exprime des idées d'un antisémitisme virulent[5]. Selon l'historien Zeev Sternhell, les textes de Soury « expriment dans l'ensemble une vision du monde qu'on peut qualifier de prénazie »[4]. Il a été « férocement antidreyfusard » ; le rôle de Soury pendant l'Affaire Dreyfus a fait l'objet de nombreuses études[N 1]. Depuis les années 1970 environ, plusieurs historiens et critiques ont redécouvert Jules Soury, [...] en se centrant exclusivement sur son rôle dans l’histoire des sciences et des idées, et sur son rôle dans l'Affaire Dreyfus[7].

L'antisémitisme de Soury diffère de celui de l'Église catholique et de l'Action française (mouvement de l'extrême-droite catholique). Il s'accompagne d'un attachement à la « race aryenne », et d'une adhésion au néopaganisme : Jules Soury souhaite « ramener le christianisme à des sources païennes en le purgeant de l’apport juif »[4]. Soury ne voit dans le christianisme ni une expérience spirituelle ni un dogme, mais seulement un « geste ancestral » qu'il faudrait perpétuer, un ensemble de rites, de coutumes anciennes[4].

Nationalisme

Il forge une pensée nationaliste, mettant l'accent sur la continuité des traditions en s'appuyant sur la science et une supposée « hérédité psychologique »[8]. Il fournit ainsi à la droite nationaliste une caution scientifique[4],[N 2].

Il est persuadé du déclin de la France et de l'Occident qui subiraient selon lui l'action corruptrice des Juifs, des protestants et des franc-maçons[4].

Œuvres

  • Des études hébraïques et exégétiques au Moyen Âge chez les chrétiens d'Orient, thèse de l'École des chartes. Paris, Imprimerie de S. Raçon, 1867.
  • Études de psychologie historique. Portraits de femmes, Paris, Sandoz & Fischbacher, 1875.
  • Études historiques sur les religions, les arts, la civilisation de l'Asie antérieure et de la Grèce, Paris, G. Reinwald, 1877.
  • Essais de critique religieuse, Paris, E. Leroux, 1878.
  • Jésus et les Évangiles, Paris, Charpentier, 1878 ; 3e éd. en 1898 : Jésus et la religion d'Israël.
  • Études de psychologie historique. Portraits du XVIIIe siècle, Paris, Charpentier, 1879.
  • De Hylozoismo apud Recentiores, Facultati Litterarum Parisiensi thesim proponebat...Lutetise Parisiorum, G. Charpentier, 1881.
  • Théories naturalistes du monde et de la vie dans l'Antiquité, thèse présentée à la Faculté des Lettres de Paris, Paris, Charpentier, 1881.
  • Bréviaire de l’histoire du matérialisme, Paris, Charpentier, 1881.
  • Morbid Psychology. Studies on Jesus and the Gospels. The Religion of Israel, traduction anglaise d'Annie Besant, Londres, Freethought Publishing Company, 1881.
  • Philosophie naturelle, Paris, Charpentier, 1882.
  • Les fonctions du cerveau, Paris, Félix Alcan, 1892. Article « Cerveau » dans le Dictionnaire de physiologie de Ch. Richet, t. II, pp. 547-670, 788-976. Paris, Félix Alcan, 1896.
  • La religion d'Israël, Paris, Bibliothèque Charpentier, Eugène Fasquelle éditeur, 1898.
  • Le système nerveux central ; structure et fonctions ; histoire critique des théories et des doctrines, Paris, G. Carré & Naud, 1899 (couronné par l'Académie de Médecine, Prix Saintour, 1908, et par l'Académie des Sciences, Prix Monthyon).
  • Campagne nationaliste 1894-1901. Autobiographie, Paris, Imprimerie de L. Maretheux, 1902.

Traductions

Notes et références

Notes

  1. Jules Soury écrit à propos de Dreyfus : « j'étais partisan du seul remède radical que l'on connaisse contre les monstres de cette nature [...] : douze balles dans le thorax ou dans l'abdomen, car, de cerveau, il ne devait pas plus en rester dans cette tête que dans celle d'un anencéphale[6]. »
  2. Selon Pauline Moret-Jankus qui renvoie aux analyses de Zeev Sterhell, Jules Soury a légué ces idées à Maurice Barrès : « déterminisme physiologique, anti-intellectualisme, et même l'idée de la terre et des morts, tout est hérité de Soury »[7]

Références

  1. Huard 1970, p. 155.
  2. Zeev Sternhell, Maurice Barrès et la nationalisme français, p.254
  3. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 16e, n° 1626, vue 22/31.
  4. a b c d e f g h et i Sterhell 1979.
  5. Les collections de l'Histoire n°3/10, « Jules Soury, un raciste français »,
  6. Jules Soury, Campagne nationaliste, Paris, Imprimerie de la Cour d'appel, , p. 86
  7. a et b Moret-Jankus 2019.
  8. Zeev Sternhell : «Le déterminisme physiologique et racial à la base du nationalisme de Maurice Barrès et de Jules Soury». In : Pierre Guiral/Émile Temime (éds.) : L'Idée de race dans la politique française contemporaine. Paris : CNRS 1977, p. 117–138

Annexes

Bibliographie

Sources secondaires
  • Zeev Sternhell, «Le déterminisme physiologique et racial à la base du nationalisme de Maurice Barrès et de Jules Soury.» In : Pierre Guiral/Émile Temime (éds.) : L'Idée de race dans la politique française contemporaine. Paris : CNRS 1977, p. 117–138.
  • Zeev Sternhell, « Les origines intellectuelles du racisme en France », L'Histoire, no 17,‎ (lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Marcel Gauchet, L'inconscient cérébral, Paris, Seuil, .
  • (en) Toby Gelfand, « Jules Soury, Le système nerveux central (Paris, 1899) », Journal of the History of the Neurosciences, vol. 8, no 3,‎ , p. 235-247 (lire en ligne).
  • (en) Toby Gelfand, « From Religious to Bio-medical Semitism : The Career of Jules Soury », dans Ann La Berge et Mordechai Feingold (dir.), French Medical Culture in the Nineteenth Century, Amterdam / Atlanta, Brill / Rodopi, , XII-384 p. (ISBN 978-9-0518-3561-8), p. 248-279.
  • Pierre-André Taguieff, « L'invention racialiste du Juif », Raisons politiques, Paris, Presses de Sciences Po, no 5 « L'ennemi »,‎ , p. 29-51 (lire en ligne).
  • (en) Robert D. Priest, « "After the God and the Man, the Patient" : Jules Soury's psychopathology of Jesus and the boundaries of the science of religions in the early Third Republic », French History, Oxford University Press, vol. 27, no 4,‎ , p. 535–556 (DOI 10.1093/fh/crt003).
  • Pierre-André Taguieff, « SOURY Jules, 1842–1915 ». In : Id. (éd.) : Dictionnaire historique et critique du racisme. Paris : PUF 2013, p. 1715–1730.
  • (en) Lazaros C. Triarhou, « Jules-Auguste Soury (1842–1915): a centennial call to mind », Eur Neurol, vol. 75,‎ , p. 12-25 (DOI 10.1159/000443306, lire en ligne [PDF])
  • Laura Bossi, « Jules Soury (1842-1915), traducteur de Ernst Haeckel », Arts et Savoirs, no 9,‎ (DOI 10.4000/aes.1168, lire en ligne)
  • Pauline Moret-Jankus, « De la biologie à la littérature Jules Soury à la croisée des chemins », dans Thomas Klinkert et Gisèle Séginger (dir.), Littérature française et savoirs biologiques au XIXe siècle : traduction, transmission, transposition, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, , 289 p. (ISBN 3110665964 et 9783110665963, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
Sources primaires
  • Pierre Huard, « Jules Soury (1842-1915) », Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, Paris, Presses universitaires de France, t. 23, no 2,‎ , p. 155-164 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Francis Schiller, « Jules Soury (1842–1915) », dans Webb Haymaker et Francis Schiller (dir.), The Founders of Neurology : One Hundred and Forty-Six Biographical Sketches by Eighty-Eight Authors, Springfield (Illinois), Charles C. Thomas Publisher, , p. 573-576.

Article connexe

Liens externes

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  • Jules Soury, sur Wikisource

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