Massacre de Bowling Green

Massacre de Bowling Green
Manifestant brandissant une pancarte où il affirme ironiquement avoir survécu au massacre de Bowling Green.
Manifestant brandissant une pancarte où il affirme ironiquement avoir survécu au massacre de Bowling Green.

Type Attentat fictif
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Localisation Bowling Green (Kentucky)
Coordonnées 36° 58′ 54″ nord, 86° 26′ 40″ ouest
Bilan
Blessés 0
Morts 0
Répression
Arrestations 2

Carte

modifier Consultez la documentation du modèle

Le massacre de Bowling Green est un évènement fictif mentionné par Kellyanne Conway, conseillère du président des États-Unis, lors d’une interview donnée le au journal d’informations télévisées Hardball with Chris Matthews. Conway a cité ce prétendu massacre pour justifier le décret présidentiel 13769 (qui interdit aux citoyens de certains pays de voyager et d’immigrer aux États-Unis), promulgué le par le président des États-Unis Donald Trump[1].

Déclaration initiale

Conway a décrit ce « massacre » comme un attentat commis aux États-Unis par de faux réfugiés[1],[2]. Conway a déclaré :

« Je parie qu’il y avait très peu de couverture médiatique – je parie que cette information est nouvelle pour les gens – le président Obama a interdit le programme de réfugiés irakiens pour 6 mois après que deux Irakiens venus ici dans ce pays, se sont radicalisés – et ils étaient les cerveaux derrière le massacre de Bowling Green. Je veux dire, la plupart des gens ne le savent pas parce qu’il n’y a pas eu de couverture médiatique[1],[2]. »

Prolongement

Le lendemain de son entretien avec MSNBC, Conway a affirmé s’être mal exprimée en voulant utiliser le terme de « terroristes de Bowling Green[3] » en référence à un incident réel impliquant deux ressortissants irakiens entrés sur le territoire américain comme réfugiés avant d’être arrêtés pour terrorisme à Bowling Green (Kentucky), au cours d’un épisode où personne n’a été blessé ou tué[4],[5],[6]. Bien que ce fait ait été ignoré au moment de leur entrée aux États-Unis, ces deux hommes avaient fait usage d’engins explosifs improvisés en Irak[7]. Accusés de terrorisme fédéral, ces hommes avaient tenté d’envoyer de l’argent et des armes à Al-Qaida en Irak après leur entrée aux États-Unis[8]. Après avoir plaidé coupable, les deux hommes ont été condamnés pour avoir soutenu les attaques contre les troupes américaines alors qu’ils étaient encore en Irak ainsi que pour avoir tenté de fournir un soutien matériel à Al-Qaïda en Irak après leur arrivée aux États-Unis. L’un purge une peine d’emprisonnement à perpétuité tandis que l’autre purge une peine de 40 ans de prison fédérale[8]. Au nombre des chefs d’accusations, on relève : « conspiration pour tuer des ressortissants américains à l’étranger, conspiration pour utiliser une arme de destruction massive contre des ressortissants américains à l’étranger, distribution d’informations sur la fabrication et l’utilisation d’engins explosifs improvisés, tentative de fournir un soutien matériel aux terroristes et conspiration de transférer, posséder et exporter des missiles Stinger[9] ». Aucun des deux n’a jamais été accusé de complot d’attaques à l’intérieur des États-Unis[10],[11]. La réponse directe du gouvernement Obama à cette arrestation avait été de remettre en question 58 000 réfugiés déjà dans le pays, d’imposer des enquêtes à 25 000 autres Irakiens encore en Irak et d’intensifier sensiblement le traitement des demandes irakiennes de visas et de réfugiés pendant six mois[12].

Vérification des faits

Un certain nombre de vérificateurs de faits ont souligné que la déclaration de Conway, selon laquelle le président Barack Obama « a interdit pendant six mois le programme de réfugiés irakiens », était fausse[13],[14]. Le Président Obama a réagi aux arrestations en imposant aux demandeurs de visa irakiens de nouvelles vérifications qui ont ralenti l'émission des visas de voyage en Irak[9]. Les modifications apportées à la vérification des visas étant temporaires, certains réfugiés irakiens ont continué à être admis aux États-Unis tout au long de cette période[11]. Aucun Irakien n’a mené d’attentat mortel aux États-Unis depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003[2].

Concernant l’arrestation à Bowling Green et les accusations, à laquelle Conway s’était référée en déclarant qu’elle n’avait reçu aucune couverture médiatique[15], celle-ci a été couverte à l’époque par environ 90 différents journaux[15].

Références précédentes

Plusieurs jours avant Conway, le , le sénateur, Rand Paul avait fait référence à « la tentative d'attentat à la bombe à Bowling Green, au Kentucky, où je vis » dans une interview avec MSNBC[6],[16].

En 2014, le député de New York, Peter King avait évoqué l’arrestation en 2011 dans le Kentucky de ressortissants irakiens comme relevant d’une tentative d’attaquer soit Fort Campbell ou Fort Knox, à FOX News Sunday[17].

Réactions

Lors d'une manifestations a San Francisco contre l'immigration en 2017, des manifestants font référence a ce soit disant massacre.

Le lendemain de son interview, Conway a tweeté qu’elle voulait dire « terroristes de Bowling Green » et que sa formule précédente était une « erreur de bonne foi[18]. » Le clip de son interview sur le massacre de Bowling Green est devenu viral en ligne[15] et l’expression est devenue sujet numéro un sur Twitter. Les utilisateurs sur Twitter ont souligné que, malgré les excuses de Conway, la substitution du terme de « terroristes » à celui de « massacre » dans sa déclaration n’avait aucun sens[19]. Son explication a été ridiculisée sur Twitter et de faux hommages ont été créés sur d’autres plateformes[2]. Des créateurs anonymes ont créé, afin de recueillir des dons pour les victimes du massacre imaginaire, un site web dont les dons sont versés sur la page de don de l’ACLU[20],[21]. Les utilisateurs de Facebook ont utilisé la fonctionnalité de vérification de sécurité de Facebook pour se moquer du massacre de Bowling Green en prétendant que l’évènement était réel[22].

Dans le quartier de Bowling Green, à New York, une veillée a été simulée pour commémorer les « victimes » du « massacre »[23],[24]. Un autre simulacre de veille a eu lieu le à Bowling Green (Kentucky)[25].

Notes et références

  1. a b et c (en) Claire Phipps, « Kellyanne Conway blames refugees for 'Bowling Green massacre' that never happened », The Guardian, .
  2. a b c et d (en) Bill Chappell, « Bogus 'Bowling Green Massacre' Claim Snarls Trump Adviser Conway », NPR,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Zamira Rahim, « Twitter Mocks Kellyanne Conway's False 'Bowling Green Massacre’ Comments », TIME,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Gideon Resnick, « Kellyanne Conway Refers to Fake Bowling Green Massacre », The Daily Beast,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Zack Beauchamp, « Kellyanne Conway made up a fake terrorist attack to justify Trump’s 'Muslim ban' », Vox,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b (en) Glenn Kessler, « Kellyanne Conway’s claim of a ‘Bowling Green Massacre’ », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Office of Public Affairs, « Former Iraqi Terrorists Living in Kentucky Sentenced for Terrorist Activities », United States Department of Justice, (consulté le ).
  8. a et b (en) Joe Coscarelli, « Kellyanne Conway Admits ‘Bowling Green Massacre’ Error », New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  9. a et b (en) « Social media firestorm over Conway's "Bowling Green massacre" comments », WBKO ABC 13,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Office of Public Affairs, « Former Iraqi Terrorists Living in Kentucky Sentenced for Terrorist Activities », United States Department of Justice, (consulté le ).
  11. a et b (en) AJ Willingham, « Here's what actually happened in Bowling Green », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) « Bowling Green Not Massacre Terrorists », CNN,‎ (lire en ligne).
  13. (en) « Trump's refugee order not same as Obama's in 2011 », USA TODAY,‎ (lire en ligne).
  14. (en) « Kellyanne Conway on ‘Bowling Green massacre’ : I meant ‘terrorists’ », The Courier-Journal,‎ (lire en ligne).
  15. a b et c (en) Samantha Schmidt, « Kellyanne Conway cites ‘Bowling Green massacre’ that never happened to defend travel ban », Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en-GB) Claire Phipps, « Kellyanne Conway blames refugees for 'Bowling Green massacre' that never happened », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) Steve Benen, « The Fort Knox plot that only Peter King could see », MSNBC,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Justin Sayers, « Kellyanne Conway on ‘Bowling Green massacre’ : I meant ‘terrorists’ », Courier-Journal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) « Trump aide mocked after 'Bowling Green massacre' lie », Al Jazeera,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) Lindsey Ellefson, « Site To Get Donations for ‘Bowling Green Massacre Victims Fund’ Launches », Mediaite,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) Bill Disbrow, « 'Bowling Green Massacre Victims Fund' website links to ACLU donation page », SF Gate,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) Timothy J. Seppala, « Facebook users pretend the 'Bowling Green Massacre' is real », Engadget,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) « New Yorkers hold vigil at Bowling Green for 'massacre' victims », NY Daily News,‎ (lire en ligne).
  24. (en) Brooke Seipel, « New Yorkers hold fake vigil for victims of Bowling Green massacre », TheHill,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. (en) Bruce Schreiner, « Never remember : Bowling Green laughs along at massacre that wasn’t », Courier-Journal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • icône décorative Portail de la politique aux États-Unis
  • icône décorative Portail des médias
  • icône décorative Portail des années 2010