Mara V

Romus Nanaia dans le rôle de Vaiere Mara

Mara V, est un long-métrage documentaire français consacré au sculpteur polynésien Vaiere Mara. Réalisé par Jonathan Bougard, il est sorti en 2019 en Polynésie française[1].

Synopsis

Le film est une enquête à la recherche des oeuvres et de l'histoire du premier sculpteur moderne polynésien, Vaieretiai Mara, qui signait ses sculptures Mara V. Artiste très prolifique et reconnu de son vivant, quinze ans après sa disparition il était presque oublié, ses œuvres étant pour la plupart conservées dans des collections particulières et n'ayant fait l'objet d'aucun catalogue où d'exposition posthume[2], il restait connu seulement par un livre que lui avait consacré Patrick O'Reilly en 1979[3].

Le film met en scène un certain nombre de reconstitutions dans lesquelles l'acteur Romus Nanaia[4] incarne Vaiere Mara. Pour les scènes où il est à l'oeuvre et sculpte le bois, le corail où la pierre, se sont les mains de Gilles Mateha Mara, fils de l'artiste et également sculpteur, qui sont filmées. Les principaux protagonistes sont la veuve et les enfants du sculpteur. Leurs témoignages croisés permettent de reconstituer la biographie de l'artiste. Le film se décompose en une introduction de cinq minutes suivie de quatorze chapitres qui peuvent fonctionner indépendamment les uns des autres[5].

Introduction

Incarné par Romus Nanaia, le sculpteur est à la recherche de matière sur une plage de sable blanc déserte, au bord d'un récif polynésien. Il ramasse des blocs de corail échoués sur le rivage, une grande racine qu'il nettoie dans l'eau de mer ainsi que des bois flottés, dont il remplit des sacs à coprah avant de les charger sur le dos d'un cheval. Il regagne son atelier et se met aussitôt à sculpter la racine. Tandis qu'il travaille, une séquence sous-marine symboliste met en scène une jeune femme nageant sous l'eau jusqu'à une sculpture d'une vahiné agenouillée parmi les patates de corail.

Chapitre 1 : les traces ne se perdent jamais

Le premier chapitre se déroule en Bretagne. A Paimpont en forêt de Brocéliande, Sylvie Gaubert Gruel raconte comment son père militaire a passé commande à Mara d'un grand bas-relief en bois au début des années 1980. Elle a hérité de cette sculpture qui se trouve dans son salon. Elle lit quelques passages de correspondances dans lesquels son père lui relate ses relations avec le sculpteur. En cherchant dans ses archives, elle a également retrouvé quelques diapositives qui le montre chez lui à Arue.

A Quimper c'est ensuite la céramiste Reiamata Gouzien qui présente sa collection de sculptures de Mara. Originaire de Rurutu comme lui, elle évoque l'homme qu'elle a peu connu et son île.

Chapitre 2 : le dernier fils

A Phoenix aux Etats-Unis, Arauna Mara est le dernier fils du sculpteur. Tatoueur polynésien réputé, il ouvre les portes de son studio et livre ses souvenirs sur son père.

Chapitre 3 : Tahiti, l'atelier

A Tahiti, c'est Michel Mara, le fils ainé du sculpteur, qui nous ouvre les portes de sa maison située à Erima sur les hauteurs de Arue. C'est le lieu qu'on a vu sur les diapositives de Sylvie Gaubert Gruel dans le premier chapitre. Le fils ainé présente les lieux. Mara était locataire de cette maison à partir de 1982. Son fils a ensuite racheté la maison.

Chapitre 4 : Moorea, la relève

Sur l'île de Moorea on fait connaissance avec Gilles Mateha Mara, sa soeur Jeanne et leur mère Madeleine.

Chapitre 5 : Rurutu, les origines

Sur l'île natale du sculpteur, Rurutu, située dans l'archipel des Australes. Antonio Lacour se souvient du sculpteur qu'il a vu travailler et dont il conserve une œuvre en bois.

Chapitre 6 : la prison

Dans ce chapitre, la famille du sculpteur raconte son enfance difficile, battu par une belle-mère qui ne voulait pas de lui après le décès de sa mère alors qu'il avait deux ans. Les témoignages de sa grande soeur ainsi que de sa nièce Naumi Pito apportent des précisions généalogiques. Naumi Pito conserve deux films familliaux dans lesquels on voit le sculpteur. Les seules archives vidéos de connues de Mara à ce jour. Est évoquée la figure de Metuaaro Mara, grand-père de Vaiere, constructeur de goélettes à Rurutu. Naumi Pito en conserve des photos.

Chapitre 7 : Marie-Madeleine

Ce chapitre se concentre sur les souvenirs de Marie-Madeleine Mara, veuve du sculpteur. Née à Arue le 4 février 1939, elle s'est mariée le 31 mars 1963 avec Vaieretiai Mara. Elle explique qu'il faisait alors des tikis. Il avait apprit avec Joseph Kimitete avant de travailler pour René Pailloux à Papeete. Il a arrêté d'un coup de sculpter des tikis lorsqu'il s'est fait baptiser témoin de Jéhovah en 1964. D'après sa veuve, il a alors été inspiré pour créer autre chose.

Chapitre 8 : l'art de lire

Sa petite-fille Méryl Mara raconte que son grand-père était un grand lecteur. Son fils Michel confirme qu'il était exigeant sur l'instruction. Sa fille Jeanne se souvient de sa bibliothèque. Toujours en train de travailler pour nourrir sa famille. Une famille qui se contentait de peu, vivant au jour le jour.

Chapitre 9 : les grands bois

Manouche Lehartel[6] présente la sculpture qu'elle avait acheté au sculpteur avec qui elle avait juste échangé quelques mots à Raiatea. Puis c'est au tour de Miriama Bono, directrice du Musée de Tahiti et des îles d'exprimer son appréciation de l'oeuvre de Mara, et l'intérêt pour la Polynésie d'en faire une exposition majeure. Chief Miko relate ses souvenirs du sculpteur. Le collectionneur Guilhem Roques nous ouvre ses portes et présente un très grand bas-relief commandé par son père.

Chapitre 10 : Raiatea Tahaa

A la fin des années 1960 le jeune couple Mara part s'installer à Raiatea, dans la commune d'Avera, à proximité du marae Taputapuatea. Au coeur même de la mythologie et de l'ancienne religion polynésienne. Vaiere Mara se lie avec Charles Brotherson et lui loue un local dans lequel il ouvre une galerie. Il décore l'hotel Bali Ai. A la fin des années 1970 Mara se retire sur l'île de Tahaa, l'île vanille, dans la commune reculée de Tapuamu. C'est là qu'il commence à travailler le corail, après un ouragan qui fait sortir des blocs du lagon.

Chapitre 11 : le père mariste

Reconstitution de la seule rencontre entre Mara et Patrick O'Reilly, relatée dans l'ouvrage bois légendaires de Mara sculpteur tahitien. Le père mariste est incarné par l'artiste Andréas Dettloff. Marie Madeleine et Jeanne Mara apportent ensuite quelques précisions et présentent l'exemplaire du sculpteur qu'elles conservent, corrigé de sa main.

Chapitre 12 : la perle noire

Le bijoutier Michel Fouchard se souvient de l'époque où Mara réalisait des bustes et des présentoirs en corail blanc pour mettre en valeur les colliers de perles noires de toutes les bijouteries de Polynésie : il arrivait à polir le corail, à le rendre lisse. C'est poreux comme tout, le corail... L'empereur de la perle noire Didier Sibani ouvre ensuite les portes de sa vaste propriété, au jardin très imagé, dans lequel on retrouve des sculptures en corail.

Chapitre 13 : la force

Michel Mara se souvient de la force physique hors du commun de son père, capable de porter seul un tronc d'arbre. Dans lequel il réalisa la légende de Hina, une de ses oeuvres les plus connues.

Chapitre 14 : la fin

Récit des derniers jours du sculpteur par ses proches, illustré d'archives. Extraits d'un entretien avec Miguel Hunt[7] et quelques images de la rencontre entre Michel Mara et Jean Guiart, qui venait de publier l'inventaire du sculpteur[8]. Le film se termine par une séquence où Mateha Gilles Mara modèle un buste de son père dans de l'argile.

Carrière du film

Multidiffusé sur la chaine TNTV, le film a également été projeté au Musée du quai Branly début 2020 en présence du réalisateur, dans le cadre d'un cycle cinéma des océanistes[9].

Fiche technique

  • Titre original : Mara V
  • Auteurs : Jonathan Bougard, Jean-Luc Coudray, Jean Duday
  • Réalisateur : Jonathan Bougard
  • Photographie : Jonathan Bougard,
  • Cadreurs additionnels : Jean-Philippe Joaquim, Paul Garijo
  • Montage : Jonathan Bougard
  • Narrateur : Olivier Roth
  • Musique : Michel Mara
  • Société de production : In Vivo Prod
  • Habillage sonore : François Trotabas
  • Participation : TNTV / avec le soutien de la Polynésie française
  • Pays de production :  Polynésie française
  • Langue originale : français
  • Format : couleur
  • Genre : documentaire
  • Durée : 83 minutes
  • Date de sortie : 11 décembre 2019

Distribution

  • Marie Madeleine Mara : elle-même
  • Michel Mara : lui-même
  • Gilles Mateha Mara : lui-même
  • Jeanne Mara : elle-même
  • Arauna Mara : lui-même
  • Ouauaaravaitaa Mara : elle-même
  • Méryl Mara : elle-même
  • Naumi Pito :elle-même
  • Romus Nanaia : Vaiere Mara
  • Andreas Dettloff : lui-même
  • Sylvie Gaubert Gruel : elle-même
  • Didier Sibani : lui-même
  • Michel Fouchard : lui-même
  • Manouche Lehartel : elle-même
  • Miriama Bono : elle-même
  • Chief Miko : lui-même
  • Gilhem Roques : lui-même
  • Reiamata Gouzien : elle-même
  • Antonio Lacour : lui-même
  • Miguel Hunt : lui-même
  • Jean Guiart : lui-même

Liens externes

Ressources relatives à l'audiovisuelVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Africultures
  • Film-documentaire.fr
  • IMDb
  • The Movie Database

Références

  1. Quentin Lacour, « Mara V », sur TNTV Tahiti Nui Télévision, (consulté le )
  2. Jacques Franc de Ferrière, « Une exposition à la mémoire du grand sculpteur polynésien Mara », sur TAHITI INFOS, les informations de Tahiti (consulté le )
  3. Patrick O'Reilly, Bois légendaires de Mara sculpteur tahitien, Hachette Pacifique, , 46 p.
  4. « Romus Nanaia », sur IMDb (consulté le )
  5. Ariitaimai Amary, « Réhabilitation du plus grand sculpteur polynésien », Tahiti Pacifique magazine,‎
  6. « Manouche Lehartel », sur IMDb (consulté le )
  7. Jonathan Bougard, « Tahiti boxing the mountain: Miguel Hunt et Vaiere Mara, entretien avec Miriama Bono », sur Tahiti boxing the mountain, (consulté le )
  8. « Le site officiel de l'anthropologue et océaniste Jean Guiart.The official website of anthropologist and oceanist Jean Guiart. », sur www.jeanguiart.org (consulté le )
  9. « Mara V »
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