Les élections de 2015 avaient vu la droite seinomarine mettre un terme à 11 ans de gestion socialiste du département. La gauche, qui était pourtant relativement majoritaire au premier tour, subit de nombreuses défaites. La division entre communistes et socialistes conduit à l'élimination de la gauche dans plusieurs cantons dont Le Havre-1 et Dieppe-2, dès le premier tour. Le Front national s'était ainsi qualifié pour le second dans 25 cantons au total, après avoir dépassé les 26 % des voix au premier tour, sans toutefois obtenir d'élus (meilleur score de 45 % dans le canton d'Eu). La droite sortait finalement victorieuse avec une courte majorité de 36 conseillers sur 70, avec un découpage électoral assez clair. La gauche était ainsi repliée quasi exclusivement sur Rouen, sa banlieue sud, la vallée de Seine et la moitié des cantons havrais.
Depuis ces élections, les électeurs seinomarins ont été appelés cinq fois aux urnes.
Les élections régionales de 2015, qui sont remportées en Normandie par la liste du centre et de la droite d'Hervé Morin d'une faible avance, sont l'occasion de montrer que la Seine-Maritime demeure le département le plus à gauche de la Normandie puisqu'il est le seul à placer la liste d'union de la gauche de Nicolas Mayer-Rossignol en tête du second tour. Les grandes villes du département votent toutes à gauche : Fécamp de peu à 38 %[1], Le Havre à 40 %[2], Dieppe à 45 %[3], Rouen à 50 %[4].
L'élection présidentielle de 2017 est l'occasion d'un renouvellement politique important et la Seine-Maritime est largement concernée. Contrairement à 2002, le Front national arrive cette fois en tête du premier tour, Marine Le Pen obtenant 24,90 % des voix suivie de Jean-Luc Mélenchon, qui récolte 22,20 % des voix. La Seine-Maritime est ainsi l'un des 28 départements à ne pas placer Emmanuel Macron en première ou en deuxième position puisqu'il obtient ici 21,23 % des voix. Il arrive cependant en tête à Rouen de peu devant le candidat insoumis, 27,5 contre 26 % des voix[5]. Ce dernier arrive cependant largement en tête au Havre avec presque 30 % des voix[6] tout comme à Dieppe avec plus de 26 % des voix[7]. Marine Le Pen, elle, arrive en tête à Fécamp avec 27 % des voix[8]. Le second tour est en phase avec le contexte national avec une large victoire d'Emmanuel Macron. Il obtient en Seine-Maritime 60,42 % des voix, ce qui est un score tout de même presque 6 points en dessous de la moyenne nationale (66,10 %). Alors que Marine Le Pen ne fait que frôler la barre des 20 % des voix à Rouen[5] et n'atteint pas le tiers des suffrages au Havre[6], elle dépasse les 40 % à Dieppe[7] comme à Fécamp[8]. De nombreuses communes du nord-est du département lui donnent la majorité de leurs suffrages, dont Le Tréport à 54 %[9].
Les élections législatives qui suivent sont également en accord avec la tendance nationale. Des 10 sièges de députés seinomarins, cinq vont à des candidats LREM, trois au Parti Communiste. Un seul député socialiste, Christophe Bouillon en Vallée de Seine, est réélu et une seule députée havraise LR, bénéficiant du soutien du Premier Ministre, Agnès Firmin-Le Bodo, complète le tableau.
Les élections européennes sont l'occasion pour le Rassemblement national, nouveau nom du FN, de confirmer leur première place de 2014 en Seine-Maritime. Avec plus de 27 % des voix, sa liste prend une confortable avance sur la République en marche qui obtient 8 points de moins. La liste des Verts obtient ici la troisième place avec presque 11 % des voix et, contrairement à l'ordre national des listes, la France insoumise se place quatrième juste devant la liste LR. Le RN arrive en tête de peu au Havre à 22,55 % des voix contre 21,50 % pour la liste LREM[10] mais n'est qu'en troisième position à 13,45 % des voix à Rouen, derrière les écologistes à 18,33 % et LREM à 25,57 % des suffrages[11].
Un an plus tard, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les élections municipales se tiennent en Seine-Maritime mais ne permettent pas de dégager de dynamique claire à l'échelle du département. En effet, la droite confirme quelques conquêtes de 2014, comme Fécamp et Mont-Saint-Aignan, et reconquiert Saint-Valery-en-Caux, perdu en 2014. Cependant, la gauche récupère des villes perdues en 2014 telles qu'Eu ou Montivilliers. La droite perd également Bois-Guillaume au profit d'une liste sans étiquette. Le premier ministre, Édouard Philippe, est réélu maire du Havre face aux communistes et les socialistes confirment leur mainmise sur Rouen, malgré une nette progression des écologistes.
Il est à noter que l'exécutif du département a été amené à évoluer en cours de mandature depuis 2015. Alors que c'est le conseiller masculin de Bois-Guillaume, l'UDI Pascal Martin, qui avait été désigné président du conseil départemental en 2015, celui-ci démissionne le 30 septembre 2019, la veille de son entrée au Sénat. Pour lui succéder, Bertrand Bellanger, élu LREM de Mont-Saint-Aignan, est nommé le 14 octobre suivant. On peut enfin remarquer que les conseillers de Bolbec, Dominique Métot et Murielle Moutier Lecerf, ont toujours gardé leurs indépendance . De plus, deux conseillères départementales, Nacéra Vieuble du Havre-2 et Catherine Depitre de Sotteville-lès-Rouen, ont formé leur propre groupe "Agir avec l'écologie au département" qui s'inscrit également dans la majorité départementale alors même que ces deux élues sont étiquetées "divers gauche"[12].
Les élections ont lieu au scrutin majoritaire binominal à deux tours. Le système est paritaire : les candidatures sont présentées sous la forme d'un binôme composé d'une femme et d'un homme avec leurs suppléants (une femme et un homme également)[13].
Pour être élu au premier tour, un binôme doit obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de suffrages au moins égal à 25 % des électeurs inscrits[14]. Si aucun binôme n'est élu au premier tour, seuls peuvent se présenter au second tour les binômes qui ont obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 12,5 % des électeurs inscrits, sans possibilité pour les binômes de fusionner[N 1]. Est élu au second tour le binôme qui obtient le plus grand nombre de voix[14].
La majorité sortante se maintient de justesse : elle perd les cantons de Dieppe-2 et de Rouen-2, mais gagne le canton de Darnétal. Les élus DVG du canton de Bolbec ne choisissent ni le groupe de droite ni le groupe de gauche, ce qui rend la situation très serrée et permet à la majorité d'être reconduite.
Les binômes sont présentés par ordre décroissant des résultats au premier tour. En cas de victoire au second tour du binôme arrivé en deuxième place au premier, ses résultats sont indiqués en gras.
Le , le nouveau conseil départemental se réunit pour élire son président.
La majorité absolue est de 36 voix. Gauche et droite dispose de 34 sièges chacun tandis qu’un binôme, celui du canton de Bolbec, se déclare indépendant, n’excluant pas de voter pour un camp ou pour un autre, voir de voter blanc[57],[58]. Pour parer à cette dernière éventualité, les socialistes présente la candidature de Pierrette Canu, conseillère départementale de Barentin au lieu de celle de leur chef de file dans le département Christophe Bouillon, car celle-ci en tant que doyenne du conseil départemental (73 ans) serait élue au bénéfice de l’âge en cas d’égalité entre gauche et droite.
Le jour du vote, le binôme du canton de Bolbec décide de voter blanc aux trois tours, tandis que les communistes, sur fond de division entre les socialistes et les communistes a l’échelle régionale, refuse de retirer leur candidature, arguant que la majorité au conseil départemental serait de toute façon de droite[59]. Finalement, Bertrand Bellanger est réélu au troisième tour avec une majorité relative de 34 voix[60].
Élection du président du conseil départemental de la Seine-Maritime
↑Si un seul binôme a obtenu 12,5 % des inscrits, ou si aucun binôme n'a obtenu au moins 12,5 %, les deux binômes ayant obtenu le plus de voix au premier tour peuvent se présenter[15],[16].
↑Article L. 210-1 du code électoral, sur Légifrance
↑ a et bArticle L. 193 du code électoral, sur Légifrance
↑« Mémento à l'usage des candidats », sur interieur.gouv.fr.
↑« Infographie », sur interieur.gouv.fr (consulté le ).
↑ a et b« Nuances de Binômes », sur Ministère de l'Intérieur
↑« Élections départementales 2021 », sur Ministère de l'Intérieur
↑Résultats dans le canton de Barentin sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Bois-Guillaume sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Bolbec sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑ a et bCédric Thomire, « Bolbec. Départementales : Florence Guérin et Clément Quevilly candidats du RN », sur lecourriercauchois.fr, (consulté le ).
↑Résultats dans le canton de Canteleu sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Caudebec-lès-Elbeuf sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Darnétal sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Dieppe-1 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Dieppe-2 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton d'Elbeuf sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton d'Eu sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Fécamp sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Gournay-en-Bray sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Grand-Quevilly sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Havre-1 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Havre-2 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Havre-3 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Havre-4 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Havre-5 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Havre-6 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Luneray sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Mesnil-Esnard sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑« Élections départementales. Julien Demazure et Delphine Duramé candidats sur le canton de Mesnil-Esnard », sur actu.fr (consulté le )
↑Résultats dans le canton de Mont-Saint-Aignan sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Neufchâtel-en-Bray sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Notre-Dame-de-Bondeville sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton d'Octeville-sur-Mer sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton du Petit-Quevilly sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Port-Jérôme-sur-Seine sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Rouen-1 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Rouen-2 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Rouen-3 sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Saint-Étienne-du-Rouvray sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑ a et b« Départementales 2021. À Saint-Étienne-du-Rouvray, Thierry Perrier et Christine Lesens, candidats du RN », sur paris-normandie.fr, (consulté le ).
↑Résultats dans le canton de Saint-Romain-de-Colbosc sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Saint-Valery-en-Caux sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton de Sotteville-lès-Rouen sur le site du ministère de l'Intérieur.
↑Résultats dans le canton d'Yvetot sur le site du ministère de l'Intérieur.